lunes, 8 de junio de 2009

Rv: [Humeurs de Jean Dornac] César Vallejo / Français castellano (castellano abajo) Grande le Pérou !!! Vallejo !



--- El lun, 8/6/09, castello.cristina@gmail.com <castello.cristina@gmail.com> escribió:

De: castello.cristina@gmail.com <castello.cristina@gmail.com>
Asunto: [Humeurs de Jean Dornac] César Vallejo / Français castellano (castellano abajo) Grande le Pérou !!! Vallejo !
Para: poesie@cristinacastello.com
Fecha: lunes, 8 junio, 2009 2:20


CASTELLANO AL PIE. CRISTINA CASTELLO
 
César Vallejo n'admet pas de comparaisons ni d'adjectifs. Il est la poésie. La voix suprême de l'Amérique brune. Cristina Castello

«Je n'éprouve pas cette douleur en tant que César Vallejo. Je ne souffre pas à présent en tant qu'artiste, en tant qu'homme ni même comme simple être vivant. Je n'éprouve pas cette douleur en tant que catholique, mahométan ou athée. Aujourd'hui je souffre simplement » (C.V. De « Poèmes en prose »)


César Vallejo
(Santiago de Chuco, Pérou, 1892 – Paris 1938)


« César Vallejo est un poète rebelle et révolutionnaire qui a revendiqué une totale liberté face aux normes, qu'elles soient politiques ou esthétiques. Tout au long de son œuvre, il construit sa Poétique en s'efforçant de créer un langage qui ne cesse de transgresser ses propres lois :

« Je fends / l'herbe avec deux hendécasyllabes, / des années de tombe, des litres d'infini…″ »

(Introduction de Nicole Réda-Euvremer, traductrice de César Vallejo – « Poésie complète, 1919-1937 », Éditions Flammarion, 2009)


« Masse »

A la fin de la bataille
Et mort le combattant, un homme vers lui s'avança
Et lui dit : « Ne meurs pas ; je t'aime tant ! »
Mais le cadavre, hélas ! continua de mourir.

Deux autres vinrent à lui, lui répétant :
« Ne nous quitte pas ! Courage ! Reviens à la vie »
Mais le cadavre, hélas ! continua de mourir.

Vingt, cent, mille, et cinq cent mille autres accoururent,
Clamant : « Tant d'amour, et ne rien pouvoir contre la mort ! »
Mais le cadavre, hélas ! continua de mourir.

Des millions d'hommes s'unirent
Dans une commune prière : « Reste-nous, frère ! »
Mais le cadavre, hélas ! continua de mourir.

Alors, tous les hommes de la terre l'entourèrent ;
Le cadavre les vit, triste, émotionné ;
Lentement se dressa,
Prit le premier homme dans ses bras ; se mit à marcher…

Traduction du castillan faite par Georgette de Vallejo

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« J'ai rêvé d'une fuite, d'un a jamais »

J'ai rêvé d'une fuite, d'un à jamais
soupirant à l'échelle d'une proue ;
j'ai rêvé d'une mère, de fraîches touffes de légumes
et du trousseau constellé de l'aurore »

Fragment- Traduction du castillan faite par Cristina Castello

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« Pierre noire sur pierre blanche »

Je mourrai à Paris par un jour de pluie,
un jour dont j'ai déjà le souvenir.
Je mourrais à Paris - et je n'en ai pas peur.
Peut-être un jeudi, par ce jeudi où j'écris
Ces vers, mes os me font souffrir,
et que jamais comme aujourd'hui, après tant de chemin
je ne me suis retrouvé aussi seul.


« La douce Rita »

Je me demande : que fait-elle à cette heure,
La douce Rita, mon Andine
Des roseaux et des cerisiers sauvages ?
Ah, cette lassitude m'étouffe, et le sang somnole
Comme un alcool paresseux dans mes veines.
Je me demande : que fait-elle de ces mains
Habituées, en un geste de pénitence,
A repasser des blancheurs d'amidon,
Dans l'après-midi finissant ?
Ah, cette pluie m'enlève tout désir de poursuivre.
Je me demande : qu'est-il advenu de son jupon de dentelle,
De ses souffrances, de sa démarche,
De son parfum de canne à sucre au printemps, là-bas ?
Elle doit être près de la porte.
Les yeux fixés sur un nuage rapide.
Un oiseau sauvage sur le toit de tuile poussera un cri,
Et frissonnante elle dira enfin : « Mon Dieu, il fait froid ! »

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César Vallejo
« Les hérauts noirs »

Il y a des coups dans la vie, si durs ... Je ne sais !
Des coups comme de la haine de Dieu ;
comme si devant eux, le ressac de tout ce qui est souffert
se déposait dans l'âme ... Je ne sais !
Ils sont peu, mais ils sont ... Ils ouvrent
des entailles sombres dans le plus féroce visage
et dans le flanc le plus fort.
Ce sont peut-être les chevaux de barbares attilas ;
ou les hérauts noirs que la Mort nous envoie.
Ce sont les chutes profondes des Christs de l'âme,
de quelque adorable foi que le Destin blasphème.
Ces coups sanglants sont les crépitations
d'un certain pain qui à la porte du four nous est brûlé.
Et l'homme ... Pauvre... pauvre ! Retourne le regard,
comme lorsque se posant
sur notre épaule une main nous appelle ;
retourne le regard fou, et tout le vécu se dépose,
comme une mare de faute dans les yeux.
Il y a des coups dans la vie, si durs ... Je ne sais !


De « Poezibao » :

Temps Temps

Midi stagnant dans les brumes
La pompe monotone de la caserne écope
temps temps temps temps.

Était Était

Des coqs chansonnent creusant du bec en vain.
Bouche du jour limpide qui conjure
était était était était.

Demain Demain

Le repos tout chaud encore d'être,
Le présent pense garde-moi pour
demain demain demain demain.

Nom Nom

Comment s'appelle tout ce qui hérisse nous ?
Cela s'appelle Le même qui reçoit
nom nom nom nom.

César Vallejo, Poésie complète 1919-1937, traduit de l'espagnol (Pérou) et présenté par Nicole Réda-Euvremer, Flammarion, 2009, p. 118
(version originale du poème dans la suite de note)


XXXIII

S'il pleuvait cette nuit, je me retirerais
à mille ans d'ici.
Ou plutôt à cent ans tout au plus.
Comme si rien n'avait eu lien, je m'imaginerais
que je viens encore.

Ô sans mère, sans aimée, sans obstination
à me baisser pour guetter au fond, à la seule force
du poignet,
ainsi cette nuit, je la passerais à démêler
la fibre védique,
la laine védique de ma fin finale, fil
du diantre, trace d'avoir eu
en plein nez
deux battants inaccordés de temps
dans une même cloche.

Que je m'imagine ma vie,
ou que je m'imagine n'être pas né encore,
je ne parviendrai pas à me libérer.

Sera non pas ce qui n'est pas encore advenu, mais
ce qui est arrivé et s'en est déjà allé,
mais ce qui est arrivé et s'en est déjà allé.


Sa tombe et son épitaphe :

Vallejo fut inhumé au cimetière Montrouge, mais ayant émis le vœu d'être inhumé à Montparnasse « car Baudelaire y reposait » :


Son corps fut transféré en 1970 à Montparnasse, où sa tombe porte une épitaphe singulière :
« J'ai tant neigé pour que tu dormes ! » Georgette



* * *


César Vallejo no admite ni comparaciones ni adjetivos. Él es la poesía. La voz suprema de la América morena. Cristina Castello

«He soñado una fuga, un 'para siempre', suspirando en la escala de una proa; he soñado una madre, unas frescas matitas de verdura, y el ajuar constelado de la aurora»


César Vallejo
(Santiago de Chuco, Perú. 1892- París 1938)


«Voy a hablar de la esperanza»

Yo no sufro este dolor como César Vallejo. Yo no me duelo ahora como artista, como hombre ni como simple ser vivo siquiera. Yo no sufro este dolor como católico, como mahometano, ni como ateo. Hoy sufro solamente. Si no me llamase César Vallejo, también sufriría este mismo dolor. Si no fuese artista, también lo sufriría. Si no fuese hombre, ni ser vivo siquiera, también lo sufriría. Si no fuese católico, ateo, ni mahometano, también lo sufriría. Hoy sufro desde más abajo. Hoy sufro solamente.

Me duelo ahora sin explicaciones. Mi dolor es tan hondo, que no tuvo ya causa ni carece de causa. ¿Qué sería su causa? ¿Dónde está aquello tan importante, que dejase de ser su causa?
Nada es su causa, nada ha podido dejar de ser su causa. ¿A qué ha nacido este dolor, por sí mismo? Mi dolor es del viento del norte y del viento del sur, como esos huevos neutros que algunas aves raras ponen del viento. Si hubiera muerto mi novia, mi dolor sería igual. Hoy sufro desde más arriba. Hoy sufro solamente.

Miro el dolor del hambriento y veo que su hambre anda tan lejos de mi sufrimiento, que de quedarme ayuno hasta morir, saldría siempre de mi tumba una brizna de hierba al menos. Lo mismo el enamorado. ¡Qué sangre la suya más engendrada, para la mía sin fuente ni consumo!

Yo creía hasta ahora que todas las cosas del universo eran, inevitablemente, padres o hijos. Pero he aquí que mi dolor hoy no es padre ni es hijo. Le falta espalda para anochecer, tanto como le sobra pecho para amanecer y si lo pusiesen en la estancia oscura, no daría luz y si lo pusieran en una estancia luminosa, no echaría sombra. Hoy sufro suceda lo que suceda. Hoy sufro solamente.

(De «Poemas en prosa»)

--------

«Piedra Negra sobre Piedra Blanca»

César Vallejo et son
épouse Georgette Vallejo
Me moriré en París con aguacero,
un día del cual tengo ya el recuerdo.
Me moriré en París -y no me corro-
tal vez un jueves, como es hoy, de otoño.
Jueves será, porque hoy, jueves, que proso
estos versos, los húmeros me he puesto
a la mala y, jamás como hoy, me he vuelto,
con todo mi camino, a verme solo.
César Vallejo ha muerto, le pegaban
todos sin que él les haga nada;
le daban duro con un palo y duro
también con una soga; son testigos
los días jueves y los huesos húmeros,
la soledad, la lluvia, los caminos...

..........

«Dios»

Siento a Dios que camina
Tan en mí, con la tarde y con el mar.
Con él nos vamos juntos. Anochece.
Con él anochecemos. Orfandad...

Pero yo me siento Dios. Y hasta parece
Que él me dicta no sé qué buen color.
Como un hospitalario, es bueno y triste;
Mustia un dulce desdén de enamorado:
Debe dolerle mucho el corazón.

De «Trueno»

................

«Los dados eternos»

Dios mío, estoy llorando el ser que vivo;
me pesa haber tomándote tu pan;
pero este pobre barro pensativo
no es costra fermentada en tu costado:
¡tú no tienes Marías que se van!
Dios mío, si tú hubieras sido hombre,
hoy supieras ser Dios;
pero tú, que estuviste siempre bien,
no sientes nada de tu creación.
¡Y el hombre sí te sufre: el Dios es él!
Hoy que en mis ojos brujos hay candelas,
como en un condenado,
Dios mío, prenderás todas tus velas,
y jugaremos con el viejo dado.
Tal vez ¡oh jugador! al dar la suerte
del universo todo,
surgirán las ojeras de la Muerte,
como dos ases fúnebres de lodo.
Dios míos, y esta noche sorda, obscura,
ya no podrás jugar, porque la Tierra
es un dado roído y ya redondo
a fuerza de rodar a la aventura,
que no puede parar sino en un hueco,
en el hueco de inmensa sepultura.

(De "Truenos")


«Masa»

Al fin de la batalla,
y muerto el individuo, vino hacia el un hombre
y le dijo: No mueras; te amo tanto!"
Pero el cadáver ay! siguió muriendo.
Se le acercaron dos y repitiéronle:
"No nos dejes! Valor! Vuelve a la vida!"
Pero el cadáver ay! siguió muriendo.
Se aproximaron cuatro al uno muerto:
No ser más a tu lado para que no te vayas!"
Pero el cadáver ay! siguió muriendo.
Acudieron a el, veinte, cien, mil, quinientos mil,
clamando: Tanto amor y no poder nada contra la muerte
Pero el cadáver ay! siguió muriendo.
Entonces, todos los hombres de la tierra
le rodearon; les vio el cadáver triste, emocionado;
incorporóse lentamente,
abrazó al primer hombre; echóse a andar...


«Intensidad y altura»

Quiero escribir pero me sale espuma,
quiero decir muchísimo y me atollo;
no hay cifra hablada que no sea suma,
no hay pirámide escrita, sin cogollo.
Quiero escribir, pero me siento puma;
quiero laurearme, pero me encebollo.
No hay tos hablada, que no llegue a bruma,
no hay dios ni hijo de dios, sin desarrollo.
Vámonos, pues, por eso, a comer hierba,
carne de llanto, fruta de gemido,
nuestra alma melancólica en conserva.
Vámonos! Vámonos! Estoy herido;
Vámonos a beber lo ya bebido,
vámonos, cuervo, a fecundar tu cuerva.


La maison où César Vallejo est né en toute pauvreté


París, octubre 1936

De todo esto yo soy el único que parte.
de este banco me voy, de mis calzones,
de mi gran situación, de mis acciones,
de mi número hendido parte a parte,
de todo esto yo soy el único que parte.
De los Campos Elíseos o al dar vuelta
la extraña callejuela de la Luna,
mi defunción se va, parte mi cuna,
y, rodeada de gente, sola, suelta,
mi semejanza humana dase vuelta
y despacha sus sombras una a una.
Y me alejo de todo, porque todo
se queda para hacer la coartada:
mi zapato, su ojal, también su lodo
y hasta el doblez del codo
de mi propia camisa abotonada.


«Cuídate España»

¡Cuídate, España, de tu propia España!
¡Cuídate de la hoz sin el martillo,
cuídate del martillo sin la hoz!
¡Cuídate de la víctima a pesar suyo,
del verdugo a pesar suyo
y del indiferente a pesar suyo!
¡Cuídate del que, antes de que cante el gallo,
negárate tres veces,
y del que te negó, después, tres veces!
¡Cuídate de las calaveras sin las tibias,
y de las tibias sin las calaveras!
¡Cuídate de los nuevos poderosos!
¡Cuídate del que come tus cadáveres,
del que devora muertos a tus vivos!
¡Cuídate del leal ciento por ciento!
¡Cuídate del cielo más acá del aire
y cuídate del aire más allá del cielo!
¡Cuídate de los que te aman!
¡Cuídate de tus héroes!
¡Cuídate de tus muertos!
¡Cuídate de la República!
¡Cuídate del futuro!…


«Los nueve monstruos»

Y, desgraciadamente,
El dolor crece en el mundo a cada rato,
Crece a treinta minutos por segundo, paso a paso,
Y la naturaleza del dolor, es el dolor dos veces
Y la condición del martirio, carnívora, voraz,
Es el dolor dos veces
Y la función de la yerba purísima, el dolor
Dos veces
Y el bien de ser, dolernos doblemente.
Jamás, hombres humanos,
Hubo tanto dolor en el pecho, en la solapa, en la cartera,
En el vaso, en la carnicería, en la aritmética!
Jamás tanto cariño doloroso,
Jamás tan cerca arremetió lo lejos,
Jamás el fuego nunca
Jugó mejor su rol de frío muerto!
Jamás, señor ministro de salud, fue la salud
Más mortal
Y la migraña extrajo tanta frente de la frente!
Y el mueble tuvo en su cajón dolor,
El corazón, en su cajón, dolor,
La lagartija, en su cajón, dolor.
Crece la desdicha, hermanos hombres,
Más pronto que la máquina, a diez máquinas, y crece
Con la res de Rousseau, con nuestras barbas;
Crece el mal por razones que ignoramos
Y es una inundación con propios líquidos,
Con propio barro y propia nube sólida!
Invierte el sufrimiento posiciones, da función
En que el humor acuoso es vertical
Al pavimento,
El ojo es visto y esta oreja oída,
Y esta oreja da nueve campanadas a la hora
Del rayo, y nueve carcajadas
A la hora del trigo, y nueve sones hembras
A la hora del llanto, y nueve cánticos
A la hora del hambre y nueve truenos
Y nueve látigos, menos un grito.
El dolor nos agarra, hermanos hombres,
Por detrás, de perfil,
Y nos aloca en los cinemas,
Nos clava en los gramófonos,
Nos desclava en los lechos, cae perpendicularmente
A nuestros boletos, a nuestras cartas;
Y es muy grave sufrir, puede uno orar…
Pues de resultas
Del dolor, hay algunos
Que nacen, otros crecen, otros mueren,
Y otros que nacen y no mueren, otros
Que sin haber nacido, mueren, y otros
Que no nacen ni mueren (son los más)
Y también de resultas
Del sufrimiento, estoy triste
Hasta la cabeza, y más triste hasta el tobillo,
De ver al pan, crucificado, al nabo,
Ensangrentado,
Llorando, a la cebolla,
Al cereal, en general, harina,
A la sal, hecha polvo, al agua, huyendo,
Al vino, un ecce-homo,
Tan pálida a la nieve, al sol tan ardio!
¡Cómo, hermanos humanos,
No deciros que ya no puedo y
Ya no puedo con tanto cajón,
Tanto minuto, tanta
Lagartija y tanta
Inversión, tanto lejos y tanta sed de sed!
Señor Ministro de Salud: ¿qué hacer?
¡Ah! Desgraciadamente, hombres humanos,
Hay, hermanos, muchísimo que hacer.

Casa del poeta
«Y si después de tantas palabras...»

¡Y si después de tantas palabras,
no sobrevive la palabra!
¡Si después de las alas de los pájaros,
no sobrevive el pájaro parado!
¡Más valdría, en verdad,
que se lo coman todo y acabemos!
¡Haber nacido para vivir de nuestra muerte!
¡Levantarse del cielo hacia la tierra
por sus propios desastres
y espiar el momento de apagar con su sombra su tiniebla!
¡Más valdría, francamente,
que se lo coman todo y qué más da!...
¡Y si después de tanta historia, sucumbimos,
no ya de eternidad,
sino de esas cosas sencillas, como estar
en la casa o ponerse a cavilar!
¡Y si luego encontramos,
de buenas a primeras, que vivimos,
a juzgar por la altura de los astros,
por el peine y las manchas del pañuelo!
¡Más valdría, en verdad,
que se lo coman todo, desde luego!
Se dirá que tenemos
en uno de los ojos mucha pena
y también en el otro, mucha pena
y en los dos, cuando miran, mucha pena...
Entonces... ¡Claro!... Entonces... ¡ni una palabra!


«España aparta de mí este cáliz»

Poema V


Solía escribir con su dedo grande en el aire:
"¡Vivan los compañeros, Pedro Rojas!",
De Miranda de Ebro, padre y hombre,
Marido y hombre, ferroviario y hombre,
Padre y más hombre, Pedro y sus dos muertes.

Papel de viento, lo han matado: ¡pasa!
Pluma de carne, lo han matado: ¡pasa!
¡Avisa a todos los compañeros pronto!

Palo en el que han colgado su madero,
Lo han matado;
¡Lo han matado al pie de su dedo grande!
¡Han matado, a la vez, a Pedro, a Rojas!

¡Vivan los compañeros
A la cabecera de su aire escrito!
¡Vivan con esta b del buitre en las entrañas
De Pedro
Y de Rojas, del héroe y del mártir!

Registrándole, muerto, sorprendiéronle
En su cuerpo un gran cuerpo, para
El alma del mundo,
Y en la chaqueta una cuchara muerta.

Pedro también solía comer
Entre las criaturas de su carne, asear, pintar
La mesa y vivir dulcemente
En representación de todo el mundo.
Y esta cuchara anduvo en su chaqueta,
Despierto o bien cuando dormía, siempre,
Cuchara muerta viva, ella y sus símbolos.
¡Avisa a todos los compañeros, pronto!
¡Vivan los compañeros al pie de esta cuchara viva para siempre!

Lo han matado, obligándole a morir
A Pedro, a Rojas, al obrero, al hombre, a aquel
Que nació muy niñín, mirando al cielo,
Y que luego creció, se puso rojo
Y luchó con sus células, sus nos, sus todavías, sus hambres, sus pedazos.

Lo han matado suavemente
Entre el cabello de su mujer, la Juana Vásquez,
A la hora del fuego, al año del balazo
Y cuando andaba cerca ya de todo.

Pedro Rojas, así, después de muerto,
Se levantó, besó su catafalco ensangrentado,
Lloró por España
Y volvió a escribir con el dedo en el aire:
"¡Vivan los compañeros! Pedro Rojas".

Su cadáver estaba lleno de mundo.


«MARCHA NUPCIAL»

A la cabeza de mis propios actos,
corona en mano, batallón de dioses,
el signo negativo al cuello, atroces
el fósforo y la prisa, estupefactos

el alma y el valor, con dos impactos
al pie de la mirada; dando voces;
los límites, dinámicos, feroces;
tragándome los lloros inexactos,

me encenderé, se encenderá mi hormiga,
se encenderán mi llave, la querella
en que perdí la causa de mi huella.

Luego, haciendo del átomo una espiga,
encenderé mis hoces al pie de ella
y la espiga será por fin espiga.


«Guitarra»

El placer de sufrir, de odiar, me tiñe
la garganta con plásticos venenos,
mas la cerda que implanta su orden mágico,
su grandeza taurina, entre la prima
y la sexta
y la octava mendaz, las sufre todas.

El placer de sufrir... ¿Quién? ¿a quién?
¿quién, las muelas? ¿a quién la sociedad,
los carburos de rabia de la encía?
¿Cómo ser
y estar, sin darle cólera al vecino?

Vales más que mi número, hombre solo,
y valen más que todo el diccionario,
con su prosa en verso,
con su verso en prosa,
tu función águila,
tu mecanismo tigre, blando prójimo.

El placer de sufrir,
de esperar esperanzas en la mesa,
el domingo con todos los idiomas,
el sábado con horas chinas, belgas,
la semana, con dos escupitajos.

El placer de esperar en zapatillas,
de esperar encogido tras de un verso,
de esperar con pujanza y mala poña;
el placer de sufrir: zurdazo de hembra
muerta con una piedra en la cintura
y muerta entre la cuerda y la guitarra,
llorando días y cantando meses

César Vallejo et d'autres grands poètes de son temps


«Panteón»

He visto ayer sonidos generales,
mortuoriamente,
puntualmente alejarse,
cuando oí desprenderse del ocaso
tristemente,
exactamente un arco, un arcoíris.

Vi el tiempo generoso del minuto,
infinitamente
atado locamente al tiempo grande,
pues que estaba la hora
suavemente,
premiosamente henchida de dos horas.

Dejóse comprender, llamar, la tierra
terrenalmente;
negóse brutalmente, así a mi historia,
y si vi, que me escuchen, pues, en bloque,
si toqué esta mecánica, que vean
lentamente,
despacio, vorazmente, mis tinieblas.

Y si vi en la lesión de la respuesta,
claramente,
la lesión mentalmente de la incógnita,
si escuché, si pensé en mis ventanillas
nasales, funerales, temporales,
fraternalmente,
piadosamente echadme a los filósofos.

Mas no más inflexión precipitada
en canto llano, y no más
el hueso colorado, el son del alma
tristemente
erguida ecuestremente en mi espinazo,
ya que, en suma, la vida es
implacablemente,
imparcialmente horrible, estoy seguro.


«Dos niños anhelantes»

No. No tienen tamaño sus tobillos; no es su espuela
suavísima, que da en las dos mejillas.
Es la vida no más, de bata y yugo.

No. No tiene plural su carcajada,
ni por haber salido de un molusco perpetuo, aglutinante,
ni por haber entrado al mar descalza,
es la que piensa y marcha, es la finita.
Es la vida no más; sólo la vida.

Lo sé, lo intuyo cartesiano, autómata,
moribundo, cordial, en fin, espléndido.
Nada hay
sobre la ceja cruel del esqueleto;
nada, entre lo que dio y tomó con guante
la paloma, y con guante,
la eminente lombriz aristotélica;
nada delante ni detrás del yugo;
nada de mar en el océano
y nada
en el orgullo grave de la célula.
Sólo la vida; así: cosa bravísima.

Plenitud inextensa,
alcance abstracto, venturoso, de hecho,
glacial y arrebatado, de la llama;
freno del fondo, rabo de la forma.
Pero aquello
para lo cual nací ventilándome
y crecí con afecto y drama propios,
mi trabajo rehúsalo,
mi sensación y mi arma lo involucran.
Es la vida y no más, fundada, escénica.

Y por este rumbo,
su serie de órganos extingue mi alma
y por este indecible, endemoniado cielo,
mi maquinaria da silbidos técnicos,
paso la tarde en la mañana triste
y me esfuerzo, palpito, tengo frío.


«Los Heraldos Negros»

Hay golpes en la vida, tan fuertes... ¡Yo no sé!
Golpes como del odio de Dios; como si ante ellos,
la resaca de todo lo sufrido
se empozara en el alma... Yo no sé!
Son pocos; pero son... Abren zanjas obscuras
en el rostro más fiero y en el lomo más fuerte.
Serán tal vez los potros de bárbaros atilas;
o los heraldos negros que nos manda la Muerte.
Son las caídas hondas de los Cristos del alma,
de alguna fe adorable que el Destino blasfema.
Esos golpes sangrientos son las crepitaciones
de algún pan que en la puerta del horno se nos quema.
Y el hombre... Pobre... pobre! Vuelve los ojos, como
cuando por sobre el hombro nos llama una palmada;
vuelve los ojos locos, y todo lo vivido
se empoza, como charco de culpa, en la mirada.
Hay golpes en la vida, tan fuertes... Yo no sé!


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