sábado, 4 de abril de 2009

Robert Desnos: « J'ai tant rêvé de toi » (Tanto soñe contigo)

samedi 4 avril 2009
« J'ai tant rêvé de toi »

par Robert Desnos
(Paris, 1900- Terezín, Tchécoslovaquie 1945)

(versions française et espagnole)

J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant
Et de baiser sur cette bouche la naissance
De la voix qui m'est chère?
J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués
En étreignant ton ombre
A se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
Au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante
Et me gouverne depuis des jours et des années,
Je deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.
J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps
Sans doute que je m'éveille.
Je dors debout, le corps exposé
A toutes les apparences de la vie
Et de l'amour et toi, la seule
qui compte aujourd'hui pour moi,
Je pourrais moins toucher ton front
Et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.
J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé,
Couché avec ton fantôme
Qu'il ne me reste plus peut-être,
Et pourtant, qu’à être fantôme
Parmi les fantômes et plus ombre
Cent fois que l'ombre qui se promène
Et se promènera allègrement
Sur le cadran solaire de ta vie.

(De « Corps et biens »)

« Le dernier poème »*

Robert Desnos

J'ai rêvé tellement fort de toi,
J'ai tellement marché, tellement parlé,
Tellement aimé ton ombre,
Qu'il ne me reste plus rien de toi,
Il me reste d'être l'ombre parmi les ombres
D'être cent fois plus ombre que l'ombre
D'être l'ombre qui viendra et reviendra
dans ta vie ensoleillée.

Domaine public, 1953

(©Hans Hartung)

* Ce poème reprend l'antérieur. Ce fut le dernier que Robert Desnos a écrit et il est dédié à sa femme. À son grand amour. « …Je suis la lettre initiale /Des mots que tu cherches toujours /La majuscule, l’idéale
Qui te commande de m’aimer… », a écrit Paul Éluard.
Et ce fut d’un tel amour que Robert Desnos a aimé sa femme : Youki. Son amour mis en mots écrits —ce poème— s'est trouvé sur le cadavre du poète, dans le camp d’extermination de Terezín (Tchécoslovaquie). Assassiné par le nazisme, assassiné par l'homme, dont la scélératesse effraye le soleil. (Cristina Castello)

--------------------

Robert Desnos

(París, 1900- Terezin, Checoslovaquia 1945)

«Tanto soñé contigo»

Tanto soñé contigo que pierdes tu realidad.
¿Todavía hay tiempo para alcanzar ese cuerpo vivo y besar
sobre esa boca el nacimiento de la voz que quiero?
Tanto soñé contigo que mis brazos habituados a cruzarse sobre
mi pecho cuando abrazan tu sombra, quizá ya no podrían
adaptarse al contorno de tu cuerpo.
Y frente a la existencia real de aquello que me obsesiona y
me gobierna desde hace días y años, seguramente me transformaré en sombra.
Oh, balances sentimentales.
Tanto soñé contigo que seguramente ya no podré despertar.
Duermo de pie con mi cuerpo que se ofrece a todas las
apariencias de la vida y del amor y tú, la única que cuenta ahora para mí,
más difícil me resultará tocar tu frente
y tus labios que los primeros labios y la primera frente que encuentre.
Tanto soñé contigo, tanto caminé, hablé, me tendí al lado de
tu fantasma, que ya no me resta sino ser fantasma
entre los fantasmas, y cien veces más sombra que la sombra que
siempre pasea alegremente por el cuadrante solar de tu vida.

(De « Corps et biens »)

Versión de Aldo Pellegrini

«Último Poema»

Tanto soñé contigo,
Caminé tanto, hablé tanto,
Tanto amé tu sombra,
Que ya nada me queda de ti.
Sólo me queda ser la sombra entre las sombras
Ser cien veces más sombra que la sombra
Ser la sombra que retornará y retornará siempre
En tu vida llena de sol.

Domaine Public


Versión de Aldo Pellegrini

* Este poema retoma el anterior. Fue el último que escribió Robert Desnos y está dedicado a su mujer. A su gran amor. Irremediable. ««...Yo soy la letra inicial /Las palabras que buscabas siempre /La mayúscula el ideal
Que te ordena que me ames...», escribió Paul Éluard. Y así amó Desnos a su mujer: Youki. Su gran amor. Su amor convertido en palabra escrita se encontró sobre el cadáver del poeta, en el campo de exterminio de Terezín, (Checoslovaquia). Asesinado por el nazismo, asesinado por el hombre, cuando su maldad asusta al sol. (Cristina Castello)
Publié par Jean Dornac à l'adresse 08:37
Libellés : Poèmes

No hay comentarios.:

Publicar un comentario

PLANETA PERU

PlanetaPeru: buscador del Perú

Seguidores

Archivo del Blog